On a fini par trouver la rue, on s'est garés devant un portail ordinaire, et le batteur m'a accueillie dans un français parfait, résultat de plusieurs années d'études à la Sorbonne. La maison m'a parue immense, mais quand il nous a entraînés dans ce que je pensais être le jardin, que mes pieds se sont enfoncés dans le sable et que j'ai entendu les vagues s'écraser contre les rochers, je me suis arrêtée, j'ai regardé John, et j'ai mimé WOUAH. Le jardin, ce jardin, c'était la plage. Et l'océan. Rien que pour nous. Un morceau de mer privé. Le maître des lieux, musicien d'un groupe connu, nous a salués, proposé hot-dogs et Bud light, et nous avons rejoint le cercle qui discutait et riait autour du feu. La bruine n'avait pas cessé, il commençait à faire froid mais le vent rendait périlleuse toute tentative de rapprochement vers les flammes pour un peu de chaleur.
Ils étaient nerveux, mais ils étaient entre amis, Chief. Alors ils ont commencé à jouer, on voyait que tout le monde connaissait les paroles, et puis ils ne se sont pas arrêtés. Puis on s'est isolés dans le patio, failli casser une table en verre et une statue, joué avec les lumières, baissé les rideaux, remonté les rideaux, et ils nous ont fait une deuxième chanson. Et quand on s'est rassis sur le sable avec tout le monde, après quelques bières, on a oublié la bruine, le froid, c'était parti pour un boeuf ; on a chanté du Weezer et des tas d'autres trucs dont personne ne connaissait les paroles jusqu'au bout. Assis dans un jardin-plage de Malibu, face à un petit bout d'océan.