Au delà des contraintes purement techniques de l'exercice, j'essayais de proposer au groupe de montrer une autre facette peut-être moins bruyante et électrique mais tout aussi foutraque. Sans convaincre.
Quelques heures après, le groupe nous rejoint, hirsute et fourbu de leur voyage passé avec l'impression bizarre de rouler à contresens depuis quatre heures. Nous réfléchissons d'un lieu possible qui pourrait nous fournir la miraculeuse prise de courant nécessaire. Nous envisageons même d'investir les toilettes de la manière la moins appropriée qui soit. Comme c'est au pied du mur que l'on voit le mieux le mur, nous quittons le point presse bondé pour rejoindre leur petite camionnette située dans les hauteurs des quartiers bourgeois de Brighton afin d'y récupérer leur matériel.
C'est en ouvrant leur coffre qu'une incroyable opportunité se produit : nous alpaguons un jeune anglais rentrant tranquillement chez lui qui accepte de nous prêter une prise de son immeuble. Ce quartier résidentiel, aux jolies maisons victoriennes, d'habitude épargné par le festival, venait de se faire rattraper. Avant qu'une seule note ne soit jouée, une voisine acariâtre menaçait d'appeler les flics.
C'est donc pressé par la peur du gendarme que nous réalisons notre installation pirate. Les marches de la demeure serviront de scène, les gros amplis auront toujours leur volume sur 10 et la voix sera tout aussi distordue que d'habitude. Oliver lance son sample de cordes et Quattro Stagioni démarre. Etienne tord sa guitare et David, tel un prophète, lance ses incantations qui paraissent absurdes dans ce cadre... Une seule prise, le pied au plancher, suffira à nos Quasimodo du noise pour faire ouvrir les fenêtres du quartier. Un concert à emporter atypique, électrique, déglingué à l'image de CHEVEU.