Take away shows What's New Live One 2 one Music videos Pocket parties Docs
take away shows — By Chryde

Castanets

Nous avions croisé Raymond Raposa il y a un an, lors d'un après-midi d'hiver hésitant, paresseux. Petit, barbu, les cheveux très courts, il nous avait suivi sans trop savoir pourquoi, avait sorti un ami de sa chambre d'hôtel pour nous accompagner. Il faisait froid, nous nous étions réfugiés dans un bistrot, avions demandé à baisser le son, Vincent Moon n'avait pas bougé, s'était servi des bières comme d'un décor, et les vidéos étaient restées sur une étagère, attendant une bonne occasion de sortir.

Un an plus tard, les cheveux sont plus longs, la barbe plus fournie, la peau plus fatiguée. Raymond Raposa boit un verre, frigorifié sur une terrasse avec sa copine. Il garde la même mollesse étrange, la même gentillesse cotonneuse, une distance bienveillante, toujours un peu ailleurs, toujours prêt pourtant à nous suivre. Lentement.

Nous vadrouilons dans le Marais. Il impose son rythme, ses petits pas. Avance à deux à l'heure alors qu'autour on se presse vers le métro, monte six étages en dix minutes, joue une sombre incantation quand trois vieux lui réclament une chanson d'anniversaire. La voix a pris de l'âge, un peu. Elle est toujours aussi nasillarde, mais s'éloigne d'un cliché country pour nager dans des eaux plus noires, lentes...

C'était la nuit, il faisait froid, mais Castanets nous a aidé à nous souvenir qu'il est parfois bon d'être engourdi.