Ce n'est pas un homme, Cali. C'est un adolescent, c'est une midinette, c'est un garçon qui est dans la rue comme on était dans nos chambres en chantant face à nos posters. C'est un lofteur qui prend son premier bain de foule, qui voudrait prendre tout ce qui passe, tout ce qui peut se donner, tout ce qui peut se prendre même si ce n'était pas offert, et qui aimerait lui aussi tout offrir d'un coup : signer les autographes, chanter des sérénades, épater la galerie, faire l'amour à la caméra et faire rire les badauds, être punk et grand frère, plaire aux Inrocks et à ta mère. Jouer des chansons que tout le monde aime parce qu'il les aime.
Vous ne voyez rien, là. Vous ne voyez pas le gars qui chante au museau d'un cheval de bois comme si c'était une fille à séduire, celui qui hurle God Save The Queen avant de jouer les sopranos à genoux face à une étudiante, celui qui demande à une brune aux yeux magnifiques de lui tenir une feuille et ne regarde pas la feuille. A la fin de la Fin du Monde, on se demande s'il ne crie pas 'merde' parce que les touristes étaient partis. Ils étaient espagnols et ont été très sages.
Reste au final une session où nous avons vu un chanteur se lâcher, nous surprendre, et mettre assez de spontanéité et de sincérité dans ses chansons pour que nous les prenions comme de vrais plaisirs.
Les soirs où il n'est pas en concert, Cali doit sortir de chez lui. Histoire de pouvoir jouer pour quelqu'un. Une attachante midinette. Quand sa chanson passe à la radio, je l'imagine sortir ses tripes.