On savait qu'il préparait un disque solo. Ce qu'on ne savait pas alors, c'est qu'il avait une voix superbe, grave, rappelant par moments celle de Matt Johnson de The The. L'idée était la sienne : il trouvait dommage de jouer sa chanson 'Sister of pearl' sans basse ni clavier, mais venait seul à Paris. Alors, il viendrait à nous avec une barbe, ce qui lui permettrait de créer trois versions de lui. Le barbu au chant et à la guitare, le moustachu à la basse, le glabre au clavier. Nous avons mis chaque version dans une pièce différente, et avons usé de trucs low-fi pour les combiner. Voici le résultat : 3 Baio en 1.
Puis nous sommes sortis, sans vraiment savoir où aller. Mais Montmartre fut cette après-midi là notre alliée, en combinant de manière absolument déraisonnable tous les clichés qu'elle pouvait rassembler, quitte à entrechoquer plusieurs mondes : à notre gauche, le photo-shoot d'une pub pour parfum, à notre droite des grappes de touristes avec leur guide. Et au milieu cette petite dame, qui s'est mise à danser autour de Baio, son livre de poche à la main. Il y avait un faux soleil, des guides levant leur parapluie, une belle blonde se réchauffant dans un manteau en attendant qu'on la photographie, des producteurs agacés, des touristes enchantés. Et au milieu, un garçon bien mis, qui se tenait bien droit, et faisait sautiller une dame qui avait deux fois son âge et lui arrivait à la taille.