Arlt
On vous à peine parlé d'Arlt, au détour d'un mercredix consacré aux intempéries. C'est idiot : le duo formé par Sing Sing et Eloïse Decaze est une des meilleures nouvelles qui soient arrivées à la chanson française ces dernières années. De quoi faire aimer le genre à des gens qui, comme moi, sont devenus viscéralement allergiques aux productions habituelles qui polluent la scène nationale.
Dans le détail, ça donne une chanson comme "La Rouille". Il y a la part belle faite à ces voix qui se marient comme si elles avaient été faites pour ça, comme s'il y avait quelque chose de rassurant, de fondamentalement normal, à ce qu'elles se soient finalement trouvées. Il y a cette façon qu'a Sing Sing de sortir de sa guitare cette espèce d'accompagnement qui s'effondre à moitié, qui fonce en avant sans jamais vraiment fuir tout à fait. Il y a ces mots qui ne font jamais dans la formule gratuite, qui ne tombent jamais dans la démonstration et qui surtout préfèrent dire les petits "je ne sais quoi" plutôt que de grandes certitudes. Et qui partant touchent juste. Enfin, et surtout, il y a le sentiment qui persiste quand le dernier écho de la guitare disparaît, quand le souvenir de la voix d'Eloïse commence à céder du terrain : celui qu'on a faire à quelque chose de très ancien qui remonte peu à peu à la surface, un vieil art perdu de dire la vie sans en faire des tonnes, en prenant toujours les choses par la face intime.
Josephine Foster
Le même soir, Josephine Foster sera là pour une de ses rares apparitions. Apparition car son This Coming Gladness
est un disque de spectres, sa voix semblant surgir depuis des corridors sombres et des profondeurs glacées. Du haut de ses incartades rêches et dans son absence de concession, elle vous rappellera sans doute ses parentes, les voix tout aussi nues, incertaines et sans contraintes d'une Karen Dalton ou d'une Judee Sill. La preuve que pour elle qui a commencé dans l'entourage de Devendra Banhart, il était temps de se tourner vers quelque chose de nettement plus exigeant que des simagrées hippies.
Les guitares de Victor Herrerro lui renvoient la pareille tout du long : elles jettent en l'air des échos qui tremblotent comme des lueurs incertaines. Il ne s'agit pourtant pas ici d'épouvante, loin de là, même si ce disque jouera parfois avec vos nerfs. Ici on dévide une pelote de sentiments liés à l'absence jusqu'à tout faire tenir sur un fil, on la contemple sous toutes ses coutures et on semble vous dire au final que l'ombre n'est pas si froide que cela. Que si vous voulez bien vous donner la peine d'entrer, de vous lancer à corps perdus dans la nuit, vous trouverez ici et là des petits éclats lunaires avec lesquels jouer et des fragments de joie pour vous tenir chaud.
Le même soir est complété par I Am Kloot que je ne me souviens pas avoir entendu depuis leur "To You" qui date déjà de 2001. Le lendemain, vous aurez aussi le droit de voir Ralfe Band dont on vous a déjà dit le plus grand bien. Ces réjouissants anglais se prennent pour des américains de Tucson et dorment allongés sur leur piano. Le même soir, le vétéran Theo Hakola fait son retour à la scène et le violoncelliste Greg Gilg dont on attend le premier album avec impatience sera en show-case à 19h25 au bar de la Maro.
En clôture du festival, Alban Dereyer et le Concert Impromptu seront eux aussi en showcase en ouverture de soirée, alors qu'Eugene McGuiness promènera son premier disque, habillé en escrimeur ou pas. Et en guise de conclusion, ce sera avec Melpo Mene et Locksley
Tout le programme est là, avec en prime une petite compilation gratuite à télécharger.