Le soir même, après le tournage, Moon ne sait que me dire. C'était étrange, c'était magique, ce n'était rien... Il est subjugué et perplexe. Au final, il dit une chose : "le son, c'est incroyable. Mais les images, je ne sais pas trop... Il va falloir faire un truc expérimental, un peu tout mélanger...".
Arrive alors un nouveau monteur, George Pompidup, et une malédiction. Alors que le groupe annonce sur son site qu'il a tourné un Concert à emporter avec nous, alors que le montage était bien avancé, le film se perd. Pendant deux mois, impossible de mettre la main dessus. On finit par se faire insulter par les fans. Jusqu'à ce qu'enfin, à la mi-janvier, Pompidup revienne avec un début de montage.
Je n'avais jamais vu ni entendu la moindre miette de ce qui s'était fait ce jour-là. Et ce que j'ai vu alors ne ressemblait pas à ce que nous faisions. Pompidub avait brisé toute l'orthodoxie des Concerts à emporter : des filtres en pagaille, des cuts... Mais il avait fait une chose incroyable : il avait mixé deux prises différentes du même morceau pour la première vidéo, mixé deux prises totalement différentes pour la suivante. Il avait créé des morceaux à partir des rushes. Et ça fonctionnait.
La gêne du départ se transforme en fascination, chaque plan devenant la pièce d'un puzzle, que l'on scrute pour savoir à quelle partie de la musique elle correspond. Au final, les Animal Collective furent assez retords, assez jusqu'au-boutiste pour nous forcer à les suivre. Non seulement sous un tunnel, à suivre un caddie et hurler dans des gobelets, mais aussi, surtout, pour nous pousser à les suivre, à jouer avec eux, à ne nous donner que des pièces avec lesquelles essayer de construire quelque chose.
A jouer à notre tour l'expérimentation pour faire aboutir notre Concert à emporter.