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Aloe Blacc, Benjamin Booker, Sophie Hunger, Nick Mulvey & Songhoy Blues

C’est une haute montagne surplombant un gigantesque lac. Une montagne verte, bucolique, le genre d’endroit où les seuls trésors que l’on pense pouvoir trouver reposent au pied d’un arc en ciel. Mais le trésor de cette montagne là est à l’abri dans un grand chalet, un chalet qui abrite toute la musique moderne des cinquante dernières années.

C’est Montreux, une ville où l’on se verrait bien passer ses voeux jours, à contempler les alpages, lire du Nabokov, boire le vin blanc local  et respirer le bon air du Lac. Une ville qui ne sent pas exactement le rythme, la sueur, la drogue, les excès, les nuits blanches à jammer dans les chambres d’hôtel, les explosions de créativité. C’est pourtant bien ce qui y explose chaque année depuis 1967, depuis la première édition du Montreux Jazz Festival.

Penchez-vous trois secondes sur son histoire, prenez le temps de réaliser combien de morceaux mythiques, énormes, y ont été enregistrés, vous aurez vite le tournis. C’est ce tournis qui nous a pris quand les équipe du Montreux Jazz Festival nous ont contacté pour que nous fassions un film là-bas. Des placards entiers remplis de bobines, de cassettes vidéos, de bandes audio. Des noms incroyables, Gilberto Gil à côté de New Order, Marvin Gaye et Leonard Cohen jouxtant Nina Simone et Bowie. Des histoires hallucinantes, des découvertes à la pelle (Bessie Smith, Dorothy Donegan, Harlem’s Boys Choir et combien d’autres), et l’envie de partager cette étourdissement, cette fascination.

Les jeunes musiciens qui passent à Montreux l’ont souvent, cette fascination. Le Festival sait la travailler, leur montrer où ils mettent les pieds, leur faire sentir le poids de l’histoire sur leurs épaules. Benjamin Booker était sans voix, quand  il a mis les pieds dans le chalet et vu les traces de tous ceux qui l’y ont précédé.

C’est lui qui a ouvert le bal de notre film, réalisé l’été dernier. Nous y avons invité plusieurs artistes programmés à reprendre des morceaux qui avaient fait l’histoire de Montreux. C’est Benjamin Booker, donc, qui transforme le cri de désespoir du I’d Rather Go Blind d’Etta James en une complainte résignée que sa voix, aussi douce qu’éraillé, rend belle à pleurer. Ce sont les Songhoy Blues qui chantent une version revisitée dans leur langue de Smoke on the Water à l’endroit même où la fumée avait envahi l’eau du Léman lors de l’incendie du Casino dont Deep Purple, alors en résidence à Montreux, avait été témoin. C’est la première rencontre de la Suissesse Sophie Hunger et du Britannique Nick Mulvey qui dénudent ensemble Purple Rain de Prince dans le hall du Montreux palace et éblouissent par leur étourdissante complicité. C’est enfin Aloe Blacc qui rend hommage de la meilleure façon qui soit au Sunshine of Your Love d’Ella Fitzgerald dans l’écrin de bois du chalet de Claude Nobs où tout à commencé, et où la musique continuera longtemps d’être célébrée.