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take away shows — By Chryde

Alina Orlova

Je n'avais qu'une image d'elle, je l'imaginais les cheveux courts, le regard sûr, la peau pâle, extrêmement pâle. Elle avait des boucles longues, elle avait la peau plus pâle encore, elle avait un regard perdu. Lorsque je les ai rejoints, elle et Moon, elle était assise au piano.

Moon s'activait autour, elle ne disait mot, elle regardait un peu partout, ses doigts caressaient les touches du piano comme si elle n'avait que cet instrument pour se sentir un peu chez elle. Elle s'appelait Alina, elle venait de Lituanie, autour d'elle c'était Paris. Un Paris populeux, un peu branchouille, bruyant et cavalier. Un Paris qu'elle a décidé d'effacer. Elle s'est mise à jouer, elle s'est mise à chanter, on aurait pu être n'importe où, dans sa chambre, au bord d'une falaise, c'est comme si n'existait pour elle que ce piano et n'importait que la liberté de balancer sa frêle petite tête là où la tire cette voix joueuse.

Trois chansons, puis nous sommes sortis du café. Nous avons parlé, elle n'a toujours rien dit. Puis Moon a parlé d'un clavecin, ils sont partis, je les ai laissés.

Longtemps, Moon a détesté filmer les pianos. Un point d'accroche trop lourd pour le musicien, des coins morts pour la caméra, les mêmes angles toujours. Mais il suffit en fait de ne pas filmer le piano. De ne pas filmer la musique, mais une fille, juste une fille, une douce lituanienne qui devient plus forte quand elle chante, semble incroyablement fragile quand elle se tait. C'est un film sur une fille d'ailleurs qui est passée par là.