C'est Alicia Keys. Alicia Keys. Une artiste d'une autre planète, celle des millions de disques, des chansons que tout le monde connait, des concerts dans les stades, celle que tu ne vois qu'à la télévision, à qui tu ne parleras sans doute jamais, celle dont la vie doit être si différente de la tienne que tu ne peux pas savoir ce qu'elle pense, imaginer la manière dont elle appréhende ce qu'elle va vivre. Elle est là, avec juste un Rhodes et un contrebassiste. Sans micro, à deux mètres de quelques dizaines de fans. Tu sais qu'elle va faire le job, aucun doute. Mais tu ne sais pas si elle va vivre le moment, si elle va réussir à accepter de s'étourdir, de profiter de l'environnement que tu as tissé pour elle.
Elle dit bonjour, elle commence à chanter. Dieu qu'elle chante bien. C'est assez incroyable, elle fait le job à la perfection. Le son est rond, chaud, sa voix hallucinante, puissante et voilée. La lumière est tamisée, le public captivé l'applaudit à tout rompre après ses deux premières chansons. Les deux chansons prévues. Les deux seules chansons qu'elle devait faire. Et là, face aux hourras, face aux cris de joie, elle fait un truc de fou. Elle sourit. Comme une enfant, avec une sincérité désarmante. Je me souviendrai toujours de ce sourire, de ce magnifique sourire, et de ce moment où j'ai su que nous avions touché Alicia Keys, cette femme que nous pensions ne pas pouvoir atteindre.
Et là, la soirée a vraiment commencé. En voici le film.