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take away shows — By Un invité

Alan Sparhawk (Low)

Au début quand on écoute Alan Sparhawk, on se dit tout bêtement que c'est bien lui, que cette voix qu'on connaît tant, elle est là devant nous. Et cette présence nous stupéfie. Ce qui touche chez lui, c'est la conviction de la voix, à la fois sa douceur et sa solidité, le fait qu'elle berce tout en portant loin. Il chante et ça parle, c'est con à dire, mais le folk, c'est ça. Une voix itinérante, qui berce et qui souffle.

Le bonheur des concerts à emporter, c'est de vérifier qu'en effet ça souffle, qu'au détour d'un escalier ou d'une courtd'immeuble, tandis que la caméra descends du ciel ou s'attarde dans un arbre, il y a une voix qui souffle de toute part. C'est de voir qu'alors qu'un micro tombe, qu'une pauvre conne se permet de tout interrompre en ruant dans les brancards, la voix reprend toujours sur un air de guitare, avec la même vigueur, et la certitude que rien ne pourra l'ébranler. Et ça tient du miracle de voir ça, que la chanson ne se casse pas, ne tombe pas, et que la voix ne manque pas de faire valoir ses droits.

Le plus troublant dans l'histoire, c'est que ces quelques vidéos sont de vraies découvertes. Ce que j'ai vu ne ressemblait pas à ça. C'était autre chose, de plus simple et continu. En écoutant Alan chanter paisiblement, je captais tout ce qui bougeait comme une espèce d'éponge. Il y avait des instants, Alan dans un rayon de soleil, un silence dans Murderer, et je chopais tout ça. Et là je tombe sur deux gros blocs d'images qui n'ont rien à voir, qui à elles seules sont deux événements, deux masses d'instants pétrifiés. J'entends pas la voix comme je me souviens l'avoir entendue là-bas. Ça pourrait me gêner, mais je trouve plutôt ça chouette. Je me dis qu'à partir de souvenirs, on peut faire de la poésie. De la pure et dure.

Texte Matthieu Chéreau