Quand ALA.NI est arrivée, menue, droite, fière et calme, elle est restée silencieuse. Elle se tenait très droit, gardait ses mains dans les poches très basses de son chandail. Je l’ai menée à l’intérieur de la chapelle expiatoire. Elle a fait quelque pas, les yeux fixant la coupole au-dessus de nous puis, la tête toujours levée, elle a poussé un cri bref, puissant, magnifique qui est allé rebondir longuement sur la pierre. J’ai sursauté, elle a ri. Avec ce petit cri, elle s’est dévoilée. Facétieuse, souriante, et surtout dotée d’une voix prodigieuse, agile et puissante, capable de chanter de mille façons. On l’imaginait chuchoter, susurrer, hé bien non : à la place, elle a lancé sa voix, emplissant sans effort l’espace pourtant si vaste autour, caressant, l’air de rien, les parois de la gigantesque cloche dans laquelle nous l’avions posée.
Cela prit quoi, vingt minutes ? En vingt minutes, nous avons découvert une chanteuse, et là, derrière l’éclosion, un lien se tisse, une promesse se pose. Je ne me lasserais jamais du sentiment que cela procure.